Pédaler après avoir débouchonné !

Et oui, tout commence par une histoire de bouchons, pas de liège, mais de machines à 4 roues.

Devant rejoindre mon lieu de départ de mon épopée et malgré l’impossibilité de la SNCF de prendre mon vélo et moi-même, j’ai dû me résigner à aller au point de départ en voiture.

Pourquoi, ne pas partir à vélo ? Finissant la journée de travail à 18h, difficile d’effectuer tout le périple dans la soirée.

La finalité : joindre l’utile à l’agréable, le pratique au plaisir ! Je devais me rendre dans le Vercors, à Gresse en Vercors pour rejoindre mes douces, mère et filles.

19h30, départ de cette épopée dans la chaleur d’une fin juillet. L’itinéraire a été pensé, réfléchi, tracé, carté, validé par Serge pour certaines parties, les quelques jours précédents.

Le matériel sera light, pas de quoi dormir ou bivouaquer, j’arriverai quand j’arriverai, un point c’est tout. Mon Genesis Fugio 30 chargé et équipé, c’est parti !

Quelques kilomètres de goudrons pour s’échauffer et la partie gravel attaque. Mon vélo n’attendait que ça, le braquet aussi, avec un petit air de « vu les dénivelés,  le mono plateau ne suffira pas, tu vas jamais y arriver mon gars ! »

Premiers tours de roue sur la piste du col de Tourette et là quelque chose cloche : trop de pression dans mes pneus : je décide de la baisser un peu (la pression …)

Dans cette 1ère demi-heure, tellement de choses passent dans la tête, nous connaissons tous cela : vais-je y arriver ?  Un pépin mécanique ? Assez pris à manger ? Assez en forme ? Fermé la bagnole ? etc…

Les bruits de la faune sont présents et je surprends pas mal de chevreuils et autres animaux indeterminés.

La lumière diminue mais le Dévoluy s’embrase et devient magique.

Mon souhait du moment : appuyer un peu plus sur les pédales pour arriver avant la nuit au col de Lauteret pour profiter de la lumière rose du coucher de soleil sur le Dévoluy minéral et magique.

Malheureusement ce sera la lune qui l’éclairera vers 22h…

Je ne m’étais fixé aucune limite de temps, et ça c’est un sacré plaisir de bikepacking et de sortie à vélo !

Quelques rares sections de poussage mais dans l’ensemble le mono plateau a suffit : 40 dents (définitives celles là !) .J’ai même eu le droit à quelques sections de single sous les épicéas donc avec peu de lumière…

A l’arrivée au col de Lauteret, les vaches m’accueillent et je savoure ce paysage nocturne avec un bon morceau de Comté (ramené d’un périple VTT sur la Grande Traversée du Jura). Vous savez, ce morceau de Comté auquel vous pensez car la fringale arrive et vous vous dites « allez, j’attends le sommet, je ne vais pas m’arrêter là, je suis lancé et ce sera dur de repartir… ».

Ensuite une magnifique descente m’attend, d’abord en sentier très technique puis ensuite sur une route forestière jusqu’à Lus La Croix Haute, village situé à 1050m d’altitude.

Et là, 1ère grosse déception ! Dans ma tête secrètement, au vu de mon avancée, je m’étais projeté de boire une bonne mousse dans ce village pour me récompenser des efforts de cette première partie de soirée-nuit. Il est 23h, un troquet est encore ouvert mais je n’ai pas du tout, mais alors pas du tout l’envie de boire une bière. La seule envie du moment ? Continuer à pédaler, c’est tout !

Le bonhomme étant déjà bien entamé (par ma saison estivale de boulot mais aussi par le dénivelé !) je commence à revoir mes plans pour la suite de l’itinéraire.

L’idée de départ était d’éviter la route Napoléon pour traverser le Trièves, une route Nationale très fréquentée l’été.

Je me dis alors pourquoi ne pas la prendre sur quelques kilomètres pour franchir plus vite le col de La Croix Haute et m’éviter des détours, et ensuite rejoindre mon tracé.

J’opte pour ce choix, rallume mes lumières et en avant, le tout en me disant qu’il faut que je sois bien visibles.

Je m’insère dessus, augmente ma moyenne par rapport à la première partie de ce périple et l’impensable se produit !!

Je suis seul sur cette route, réputée pour des embouteillages monstres lors des départs en vacances et Pont de l’Ascension et aussi le vent qui m’avait bien embêté une dizaine d’années auparavant lors d’un Grenoble – Embrun !

J’en profite même pour éteindre mon phare à l’avant et rouler à la lumière de la pleine lune : Instants Magiques !

Je traverse alors à vive allure le Trièves pour arriver aux contreforts du Vercors. Le Mont Aiguille est éclairé aussi bien qu’une cathédrale avec la lune et j’arrive à St Michel Les Portes, point de départ de ma dernière ascension.

Au total, seulement une dizaine de voitures m’auront croisé ou doublé, je n’aurai même pas eu une petite brise de vent pour me ralentir, et surtout j’aurai eu une magnifique expérience de roulage la nuit dans un cadre inhabituel (connaissant les lieux la journée). Bref, du 5 étoiles.

La montée du Col de l’Allimas se fera sans encombre, sans « coup de moins bien » et il ne me restera plus qu’à me laisser glisser jusqu’à Gresse en Vercors et retrouver un lit confortable dans Yoyo, notre Volkswagen Transporter T3 de 1982.

En résumé, on a beau tracer des itinéraires, calculer des dénivelés, anticiper les commerces et points d’eau, etc mais ce seront toujours le cœur et l’envie qui décideront de la direction à prendre au guidon de nos montures.

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